Axe 1 : Interdépendances et inégalités en tensions
Les changements globaux invitent la science à proposer de nouvelles approches pour saisir la reconfiguration des relations de pouvoir en jeu, qui intègrent la façon dont des non humains peuvent intervenir dans cette reconfiguration. C’est tout l’objectif de l’axe 1 « Interdépendances et inégalités en tension » qui est de mettre en avant de nouvelles façons de penser les interrelations entre groupes sociaux et autres composantes vivantes et non vivantes, notamment sous l’angle des injustices, dans un monde interdépendant marqué par un changement global inédit.
Cet axe de recherche s'articule autour de 3 sous-axes :
- Une lecture des changements globaux « par les interdépendances » (interdependency approach).
- La fabrique des inégalités dans les rapports multiples à l’environnement des groupes sociaux (inégalités environnementales).
- Le croisement des deux approches « interdépendances et inégalités » pour saisir la reconfiguration des relations de pouvoir provoquée à la fois par des changements globaux (biodiversité, changement climatique, santé environnementale, qualité de vie) et par les solutions adoptées par les acteurs individuels et collectifs pour y faire face.
Axe 2 : Pratiques et espaces productifs en transition
L'axe 2 a pour ambition de questionner la portée transformatrice des changements de pratiques impulsés au nom de la transition écologique. Pluridisciplinaires, les travaux menés se focalisent sur les modes de gestion et de valorisation des ressources naturelles à l’échelle des filières et des territoires. C’est à partir de ces échelles « méso » que nous lisons les tensions et les articulations entre les pratiques individuelles (micro) et les logiques institutionnelles du marché et de l’action publique (macro).
Cet axe de recherche s’articule autour de 2 sous-axes :
- « Transitions des modèles économiques : de la diversité à la confrontation des trajectoires ? » : Des circuits courts alimentaires à la bioéconomie forestière en passant par les solutions fondées sur la nature et la durabilité des pratiques agricoles, ce sous-axe a pour objectif de qualifier et d’évaluer la transformation des modèles productifs. Une attention particulière est accordée à la coexistence et la confrontation de ces modèles à l’échelle des filières et des territoires.
- « Les risques comme facteurs de changement de pratiques ? » : Des propriétaires forestiers aux habitants du littoral en passant par les salariés agricoles, ce sous-axe a pour objectif de questionner le rôle de l’exposition aux risques (naturels, biologiques, chimiques) dans les changements de pratiques. Une attention particulière est accordée à l’hétérogénéité des perceptions individuelles et aux inégales capacités d’adaptation ainsi qu’aux processus institutionnels et territoriaux qui freinent ou favorisent la transformation d’un risque en problèmes public.
Axe 3 : Performances et qualité des services à l’épreuve du changement global
L’ambition de l’axe 3 est de développer une approche intégrée et intégrative des performances et de la qualité des services collectifs, pour appréhender l’adaptation aux changements globaux. L’enjeu est d’analyser le déploiement et les recompositions des services collectifs assurés par un ensemble d’infrastructures, qu’elles soient matérielles ou non (réseaux d’eau, équipements, bâti foncier, routes, etc.), ou « environnementales » (ressources en eau, corridors, trames vertes et bleues, etc.). Lieu privilégié pour la collaboration entre les deux équipes EADT et GPIE, cet axe contribue au développement d’approches pluridisciplinaires, notamment entre SPI et SHS.
Cet axe de recherche s’articule autour de 2 sous-axes :
- "Évaluation multi-objectifs de la performance et adaptabilité des infrastructures" : Un des objectifs de ce sous-axe est d’intégrer les opportunités offertes par les nouvelles technologies pour améliorer l’adaptabilité et la résilience des réseaux d’eau. Ces avancées supposent l’identification, la compréhension et la quantification des changements induits à l’échelle de l’infrastructure critique, du service gestionnaire ainsi que du service rendu aux usagers. L’ensemble des travaux vise aussi à comprendre les interactions réciproques entre la variété des facteurs intervenant entre l’offre et la demande de services collectifs et les effets externes produits sur les systèmes afin d’établir différents scenarii de transformation des infrastructures.
- "Évaluation de la qualité et de la demande de services et analyse des processus de gouvernance" : Ce sous-axe analyse les mécanismes socio-économiques qui régulent la demande sociale en matière d’actions et de services collectifs articulant enjeux de protection des ressources naturelles et développement économique. Il vise également à développer des recherches sur les transformations de la gouvernance des enjeux liés aux infrastructures dans un contexte de changement global. L’enjeu est d’inscrire ces démarches d’évaluation dans une dimension spatiale et une perspective temporelle interrogeant la notion de trajectoires dans le contexte particulier d’adaptation au changement climatique.
Domaine d’application « Agriculture et transition agroécologique »
L’agriculture est aujourd’hui confrontée à des défis contradictoires. Elle doit répondre à sa fonction de production de biens alimentaires, dans un contexte économique concurrentiel et de forte demande sociale du respect de la santé, de l’environnement et de la qualité de vie; dans un climat politique de résurgence de conflits culturels et territoriaux. Le programme sociétal et politique de la transition agroécologique renouvelle les partenariats classiques de l’agriculture. Ce domaine d’application s’attache, en complément des travaux sur l'évaluation de la durabilité des transitions agroécologique et de leurs performances, à identifier et à intégrer les nouvelles configurations d’acteurs de cette transition.
Domaine d’application « Territoires Forestiers : multifonctionnalité et bioéconomie »
Dans le domaine « Forêt-Bois », le changement global se traduit par une évolution des attentes vis-à-vis non seulement des capacités productives de la filière bois (bioéconomie) mais aussi des capacités de résilience des espaces forestiers (risque et adaptation au changement climatique, biodiversité). Il s’agit désormais dans ce domaine d’application de considérer plus largement les conditions de recomposition des rapports économiques, sociaux et politiques entre les acteurs concernés par la gestion, l’usage, la récolte, la transformation et la consommation des ressources (biens et services).
Domaine d’application « Territoires littoraux et fluvio-estuariens »
Les territoires littoraux et fluvio-estuariens sont au cœur de tensions entre leur forte attractivité touristique et résidentielle et leur grande vulnérabilité environnementale sous l’effet des pressions anthropiques et des changements globaux (changement climatique, érosion de la biodiversité, attractivité démographique, flux économiques maritimes...). Ces configurations littorales donnent lieu à des évolutions socioéconomiques significatives et à des avancées réglementaires continues depuis le local jusqu’à l’Europe. Ce domaine d’application, en constante dynamique du point de vue des questionnements, requiert donc de tisser des partenariats robustes avec un continuum d’acteurs : riverains et leurs collectifs, acteurs productifs, associations d’environnement, collectivités locales, État et Europe.
Domaine d’application « Infrastructures »
Les pouvoirs publics et les gestionnaires des réseaux d’eau sont confrontés à la question de la gestion dans la durée d’infrastructures – qui constituent un patrimoine pour la société – sous la pression conjuguée du vieillissement des systèmes et de l’évolution de la demande de service et des contraintes (légales, urbaines, sanitaires, budgétaires...). L’enjeu central de la gestion patrimoniale des réseaux d’eau est de garantir un niveau de performance satisfaisant (y compris la maîtrise des risques et des coûts) par le renouvellement d’une fraction de canalisations et par l’optimisation du fonctionnement du système. Le contexte des changements globaux invite à revisiter les conditions de durabilité et de performance à long terme des infrastructures en élargissant le périmètre d’étude de la gestion patrimoniale à des acteurs nouveaux (citoyens-usagers, associations…).